Retrouver le pouvoir d’agir ensemble
Alors que l’isolement est croissant et touche l’ensemble du globe, certains signaux montrent que derrière ce phénomène, tel un besoin viscéral, la force du collectif renaît. Sous quelles formes ?
Qu’il soit porté par des raisons humanistes ou économiques, le besoin de construire ensemble se fait ressentir au-delà des frontières, qu’elles soient géographiques ou sociales. Voici comment il se manifeste.
La puissance du collectif : fédérer et porter des actions
En plein coeur du Gers, dans l’abbaye de Boulaur, 31 nonnes s’activent pour transformer une partie de l’enceinte en ferme bio et permacultivée. Au fil des jours et des semaines, badauds et habitants du village voisin leur viennent en aide, car « ensemble on est plus fort » déclament-ils. Si l’allégorie de la caverne de Platon est ici bien réelle, la théorie du colibri pour fédérer et porter des actions l’est tout autant, IRL (in real life) comme sur la toile.
Retour en 2010, outre-Atlantique, plus précisément à la Nouvelles-Orléans, encore en deuil du passage de l’ouragan Katerina en 2005, et en pleine reconstruction. Mené par l’artiste Candychang, un mouvement pour rebâtir le collectif et répondre au besoin de créer ensemble prend des formes concrètes : des stickers apposés sur des magasins en voie de destruction pour donner son avis sur ce qu’il devrait être et exprimer ses besoins, une application à la manière des smartcities pour lancer des appels à projets locaux ou encore des ballots de contacts pour rencontrer ses voisins, retrouver cette sociabilisation perdue et s’entraider. D’ailleurs, cette tendance se juxtapose à la vie numérique. Selon une étude YouGov pour Facebook, 91% des utilisateurs de la plateforme indiquent avoir soutenu d’autres compères via des groupes pendant la pandémie. Nombre ont d’ailleurs créée des groupes d’entraides, à l’image de ceux de partage de bon plans alimentaires dans les villes et villages français, intitulés « Toogoodtogo : insérer le nom de la ville » en référence à la marque antigaspillage. Et qui ont d’ailleurs permis de faire évoluer son action.

Le pouvoir de faire bouger les lignes
Ce pouvoir de réunion individuel a créé des leviers d’actions plus conséquents a impacté marques… et villes. A l’image de Toogoodtogo, qui a adopté la méthode Nelson Mandela : échanger, communiquer, ne pas fuir les conflits, créer du lien, développer une consistance, pour répondre à ce besoin collectif, plus macro. La marque a en effet créé des groupes parallèles afin d’aller plus loin : création d’atelier de sensibilisation au gaspillage alimentaire, ateliers de cuisine « anti-gaspi », stands de sensibilisation et goûter collaboratif zéro-déchet.
Si local et numérique font bouger les lignes, ils font également bouger les murs. Le travail de l’architecte et designer Francesco Cingolani tend à sculpter la ville grâce aux données et aux besoins des habitants, préférant ainsi une lecture des demandes primaires (lumière, espace et son utilisation) et secondaire (forme, matière) afin de construire des immeubles en fonction de ses locataires, et non l’inverse. Une démarche embrassée par la ville de Barcelone, à la pointe de la collaboration pour la démocratisation de la ville. Plus connectée, les citoyens peuvent participer à l’amélioration de l’offre de transport, voter et soumettre des politiques publiques, bref d’être actifs et de faire bouger les lignes. Car si l’action collective est protéiforme, sa force, elle, est immuable.
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